- Thibaut -

Au guichet d'une petite station de train en Inde.



"- Hééé, arrêtez de pousser derrière !", "- Thib, c'est quoi déjà le numéro de train ?", "- Quoi, il fallait réserver avec deux semaines d'avance ?", "- Le prochain train en partance est à 15h ou 17h? J'arrive pas à comprendre votre réponse..", "- Mais arrêtez de pousser derrière bon sang, vous ne voyez pas que je suis au comptoir !!", "- Faaab, le guichetier vient de fermer son comptoir alors que l'on était au beau milieu d'une réservation ???! C'est quoi ce délire ?!?!"... Aïe, aïe, aïe, vous l'aurez compris, pas facile de prendre un train en Inde sans avoir tout préparer en avance et s'être armé d'une bonne dose de patience. Tout d'un coup, Jérémy nous sort : "- Bon les gars, l'autostop, ça vous tente ?! On n'a que 40 bornes à faire." "- Allez, on essaye. J'espère qu'à 4, ce ne sera pas un problème" dit l'un d'entre nous. Dix minutes plus tard, nous voici en face de la petite gare, pouces levés, soulagés d'être dehors et contents d'essayer ce niveau style de transport.


La route n'est pas très passante. Deux, trois voitures passent mais elles sont toutes pleines. Puis arrive un pick-up. "- Allez, on y croit !!!". Yeees, il s'arrête juste derrière nous. Après avoir vérifier qu'il allait bien dans notre direction, nous balançons nos sacs à l'arrière et montons. Les cheveux au vent, le paysage de la campagne profonde défile. "- Attention au dos d'âne !" hurle Fabien. Trop tard. Jessica et moi nous retrouvons avec le fessier douloureux et Jérémy a failli passer par dessus bord ahah ! C'était moins une, il faut avoir l'œil sur la route. Lorsque nous traversons des villages, les habitants nous regardent étonnés, nous font coucou, nous souris, explosent de rire, nous crient des "hellooooooo !" alors nous leur rendons la pareil ! C'est génial, nous avons l'impression qu'ils n'ont pas l'habitude de voir des européens voyager autrement qu'en taxi ou en train ahah ! Nous faisons près d'une vingtaine de kilomètres avec ce premier véhicule.



Nous descendons à l'intersection avec la grande route car notre gentil conducteur doit prendre à droite, nous à gauche. Notre première expérience d'auto-stop s'est terminée. C'était presque trop rapide ! Bon, c'est vrai que pour le coup, ça nous a bien arrangé et c'est toujours fun de voyager à l'arrière d'un véhicule ouvert. Mais nous aurions aussi voulu discuter avec le conducteur, savoir ce qu'il fait dans la vie, où il va, échanger nos expériences... Pas grave, il y aura beaucoup d'autres opportunités. Nous ne le savons pas encore, mais nous venons de prendre goût à ce mode de déplacement encore peu conventionnel en Inde et tellement excitant !



A l'heure où j'écris cet article, nous sommes déjà montés dans une vingtaine de véhicules. Très souvent des camions, plusieurs pick-ups, quelques 4x4 climatisés, et aussi une petite citadine. Autant d'expériences différentes. Il serait trop long et laborieux de rapporter chacune d'entre elles au travers un article mais je pense que quelques petites anecdotes feront amplement l'affaire.



Je me souviens que nous étions confortablement (ou presque) installés à l'arrière d'un pick-up lorsque notre véhicule s'arrête à un feu rouge. Jusque là, rien d'anormal. Aussi, nous ne sommes pas surpris quand le chauffeur de la voiture d'à côté met le son à fond en nous regardant et en mimant de danser. Nous jouons le jeu mais le feu passe au vert et nous redémarrons. C'est quelques kilomètres plus loin que nous retrouvons les passagers de cette même voiture nous faisant de grands signes sur le bord de l'autoroute. "- Oula, qu'est-ce qu'ils nous veulent ?" s'inquiète alors Fabien. Notre chauffeur s'arrête. La curiosité des indiens est décidément sans limite. Ils n'ont pas hésité à nous arrêter juste pour savoir qui nous sommes, où nous allons, pourquoi nous faisons du stop etc... Et bien sûr, cela se termine inévitablement par la séance photo ;)



Peu avant, nous étions montés à bord d'un camion transportant des copeaux de bois et chargé à ras bord (voire, plus que le "ras bord" que nous connaissons en France). La cabine était très étroite et le camion avançait trèèès doucement. En montée, nous avions presque peur de repartir en arrière ! Entre le sommeil qui nous gagnait, et l'inconfort de la cabine, nous avons quand même eu l'idée d'immortaliser l'instant.



A côté, cette cabine d'un autre camion fait figure de grand luxe. Il y a même le papier peint pour la déco et de la place pour les sacs à dos.



Mais le mieux, c'est ceux qui mettent des petites fleurs sur leur pare-brise. Nous avons l'impression d'être n'importe où, sauf dans un camion ! Et encore, vous ne voyez pas ici les dieux hindous qui clignotent de toutes les couleurs juste devant nous !



Allez, de temps à autre, nous arrêtons un 4x4. Un peu d'air frais et de confort nous fait aussi grand bien. Nous y rencontrons de cette manière un grand producteur de pommes de terre travaillant à l'international, un commerçant de granit, et un spécialiste des documents légaux pour indiens expatriés, à l'anglais toujours parfait. Eux ont déjà bien souvent voyagé à l'étranger et connaissent le concept de l'auto-stop.



Et puis, ce qui est drôle, c'est que nous ne savons jamais vraiment où nous allons, où le chauffeur nous déposera, jusqu'où pourra t-il nous avancer... Des fois, nous atterrissons au milieu de villages, de villes, de carrefours, mais aussi au beau milieu de la cambrousse !



Mais le stop n'est pas toujours chose facile. En ville, avec tous les rickshaws (sorte de taxi à 3 roues) qui viennent vous voir pour vous demander sans même vous dire bonjour "where you go?", c'est quasiment impossible. Il faut donc s'éloigner des villes, et marcher en plein soleil, sur la route principale, pour avoir plus de chances. Et parfois même, cette chance n'est pas au rendez-vous, alors nous marchons, nous marchons jusqu'à nous retrouver sur une autoroute, au milieu de nulle part.



Une fois, nous montons à bord d'un camion avec deux jeunes indiens : Cidu et Santoch, âgés de 18 et 25 ans. Ils sont funs, pleins d'énergie, nous posent tout un tas de questions malgré un anglais très basique, nous font écouter des musiques indiennes, nous, des musiques françaises, leur montrons des photos, apprenons sur leur vie etc. Le trajet se passe si bien que nous nous arrêtons avec eux sur une aire routière afin de partager un repas. Inutile de préciser que les autres routiers déjà présents hallucinent complètement de voir débarquer 4 européens à cet endroit !



Faire du stop à 4 n'aura été à aucun moment un problème en Inde. Les camions et pick-ups ont de la place même si nous avons du faire certains trajets quelque peu écrasés par nos sacs. L'inconfort est vite oublié quand nous rencontrons des gens incroyables, aux histoires complètement différentes, qui nous prennent dans le seul but de pouvoir échanger quelques mots avec nous, apprendre sur notre culture, savoir quels sports nous pratiquons ou qu'est-ce que nous mangeons au petit-déjeuner. Plus que tout, ce sont ces moments-là que nous apprécions car l'échange est sincère et n'est pas à but lucratif comme bien trop souvent. Et puis, c'est finalement à deux que nous continuons à tenter d'aller toujours plus loin, nos compagnons de voyage se dirigeant vers d'autres horizons. "- Allez Fabien, maintenant, c'est à nous de jouer !"