- Thibaut -


Peut-être qu'en lisant nos mises à jour sur la carte qui disent "Ce soir, nous dormons chez l'habitant" ou "un chinois nous a accueilli chez lui", vous vous êtes demandé : mais, comment font-ils pour aller dormir à chaque fois chez les gens, sans les connaître... Est-ce que c'est courant en Chine d'accepter des étrangers ? Alors, autant vous répondre tout de suite : non, ce n'est pas plus courant qu'en France. D'ordinaire, les touristes font comme partout ailleurs, ils vont à l'hôtel. Cependant, les hébergements dans ces grandes villes chinoises où l'urbanisation est galopante sont de plus en plus onéreux. Cela nous a donc poussé à réfléchir à des solutions alternatives pour trouver un toit. Et parmi elles, faire du couchsurfing (traduisez à peu près par "squatteur de canapé") nous est apparu comme la solution la moins loufoque et la plus sûre. Et c'est aussi un bon moyen pour s'immerger dans la culture locale. Mais, me direz-vous, comment ça marche ? C'est très simple.

Voici quelques explications. Couchsurfing est un site internet mondial qui regroupe toute une communauté de personnes désireuses d'accueillir des voyageurs chez eux, mais aussi l'inverse, c'est-à-dire, des voyageurs justement, qui souhaitent dormir chez des locaux. Il suffit ainsi de se connecter sur ce site internet et, après avoir créé son profil, de rechercher quels sont les hôtes disponibles aux dates demandées, et dans la ville choisie. Comme nous n'avons pas d'ordinateur, tout se passe sur nos téléphones !



Une fois le contact établi, nous échangeons quelques messages de courtoisie, et planifions un rendez-vous. C'est toujours un peu difficile avec nous car, comme vous vous en doutez, nous n'avons ni carte SIM, ni internet (sauf quand il y a du wifi bien sûr). Du coup, la ponctualité est d'or pour se retrouver... aïe, aïe, aïe ! "Tiens, me dit Fabien, je crois que c'est elle au coin de la rue, juste là, tu vois ? Enlève ton pull tout degueu', elle va penser qu'on se lave pas haha !" Hé oui, il faut être un minimum présentable quand on rencontre quelqu'un pour la première fois, surtout quelqu'un qui est censé vous héberger chez lui quelque jours. En moyenne, nous sommes restés entre 4 et 5 jours chez l'habitant. Un peu plus dans les grandes villes, un peu moins dans les petites. Ça nous a permis de prendre notre temps pour les visites, mais aussi d'apprendre à connaitre la personne qui nous héberge, autour généralement de longues discussions le soir venu, accompagnées d'un petit verre ou d'un thé. A chaque fois, nous avons été très bien accueillis. Nos hôtes nous reçoivent après leur journée de travail et s'en suit le même rituel : visite des lieux, explications sur le fonctionnement de la douche et de la machine à laver, petites règles de vie en communauté, conseils pour les transports et visites en ville, ils nous donnent leurs horaires de boulot, et enfin, remise des clés (sauf une fois !). 


Sur quatre appartements, nous avons été logés deux fois en centre-ville, et deux fois en lointaine périphérie. Quand je dis lointaine, c'est que nous nous sommes retrouvés carrément dans la ville voisine ! À Pékin, nous avions grand minimum 1h30 de transport et deux changements pour atteindre le centre. Autant vous dire que lorsque nous quittions l'appart', c'était pour la journée. À l'inverse, à Shanghai, nous pouvions facilement rayonner dans le centre, à pied, depuis l'appartement de notre hôte. Et, le matin, impossible de ne pas faire un petit saut au marché du coin pour faire le plein de fruits frais : pastèques, melons jaunes, oranges, fraises, kiwis... nos petits-déjeuner de compétition nous permettaient de rebooster nos batteries et d'attaquer les journées comme des marathoniens.



Mais le couchsurfing, c'est aussi une expérience où l'on partage des anecdotes, des bons plans, des moments de détente, de franches rigolades, ou des repas ! Nous avons d'ailleurs eu pour habitude de préparer un repas pour nos hôtes, en guise de remerciement, mais aussi pour qu'ils puissent avoir un aperçu de la cuisine française (je dirais plutôt "franco-chinoise" car nous avons cuisiné avec des produits locaux, les produits français étant littéralement hors-de-prix !). Crêpes salées, sucrées, carry poulet, ratatouille ont donc été au menu. 



Les chinois mangent beaucoup à l'extérieur. C'est presque parfois moins cher que de cuisiner son propre repas, chez soi. Et du coup, la cuisine n'occupe qu'une place secondaire dans l'appartement. Il n'a d'ailleurs pas été rare de devoir faire cuire notre repas sur des plaques de cuisson de camping ! Alors c'est sûr, c'est pas le top, mais quand la vie est aussi belle, on oublie vite ces petits inconvénients.



Les chinois qui nous ont hébergé ont tous eu le sens de l'accueil. Peut-être parce que la majorité d'entre eux étaient habitués à recevoir des voyageurs chez eux depuis quelques années, ou peut-être tout simplement parce que c'est dans leur tradition ou leur culture. En tout cas, nous nous sommes toujours senti très bien et à notre aise. Et bien évidemment, certaines ont tenu à nous rendre la pareille et à nous préparer un repas. Quel délice ! En plus, ça nous a permis de découvrir des plats que nous ne connaissions pas (Et je me suis même régalé avec des crevettes et autres fruits de mer, vous y croyez ?)



Nous avons toujours été hébergé dans des appartements situés dans de grandes tours. Dans les mégalopoles chinoises que nous avons traversées, les petites maisons sont en voie d'extinction. Ici, ça construit en hauteur. Quant aux appartements en eux-mêmes, rien de bien différents à ceux que nous connaissons en France, si ce n'est que ceux-ci sont peut-être un poil plus récents. À Hangzhou, nous sommes restés à 3 pendant 5 jours dans un 12m2, c'était vraiment en mode camping. À Suzhou, c'était le grand luxe : l'appartement était un grand duplex avec des balcons de tous les côtés et du matériel derniers cris. Un matin, nous avons même été surpris en caleçon par la femme de ménage alors que nous déjeunions tranquillement nos fruits et biscuits. 



Et maintenant, parlons un peu des gens qui nous ont gentiment hébergé. Nos hôtes étaient à chaque fois des gens célibataires, qui travaillaient et d'une tranche d'âge allant de 24 à 34 ans. Certains étaient déjà allés à l'étranger, d'autres connaissaient à peine leur propre pays. Pourquoi nous hébergeaient-ils ? La plupart nous ont dit que c'était parce qu'ils appréciaient la compagnie d'étrangers, qu'ils aimaient aider et qu'ils recevaient du plaisir à s'entourer avec des voyageurs heureux, non stressés, différents de leurs amis ou collègues qui cavalent toute la journée et qui tirent un peu la tête. Nous avons aussi eu l'impression que ça a été pour certains l'occasion de nous parler d'eux, de leur parcours, de leur travail, de leur vision du monde sans langue de bois. Ah oui, petite anecdote, tous n'étaient pas chinois ! Nous avons été hébergé une fois par une expat' indienne qui travaillait dans une société de conseils marketing. La voici !



Vous l'aurez compris. Couchsurfing aura été pour nous une expérience intéressante, enrichissante, en immersion totale dans la culture chinoise contemporaine qui n'est plus forcément très traditionnelle mais qui est celle des habitants des grandes villes. Malgré tout, s'il fallait trouver un petit point négatif à cette expérience, ce serait peut-être le comportement un peu trop désintéressé de certains hôtes. Nous nous sommes parfois demandés si certains ne cherchaient pas à héberger non-stop des voyageurs pour combler "un manque?" dans leur vie sociale actuelle, et ainsi pouvoir partager / étaler leur vie, sans pour autant s'intéresser à celle de leurs invités. Dommage, on a un peu l'impression d'être des dévidoirs. Allez, ce n'est qu'un petit détail. Si c'était à refaire, on foncerait à nouveau !